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法語(yǔ)閱讀:追憶似水年華45

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來(lái)源:網(wǎng)絡(luò) 2020-09-26 02:36 編輯: 歐風(fēng)網(wǎng)校 273

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摘要: 法語(yǔ)閱讀:追憶似水年華45

Moi aussi j'étais pressé de quitter M. et Mme de Guermantes au plus vite. Phèdre finissait vers onze heures et demie. Le temps de venir, Albertine devait être arrivée. J'allai droit à Fran oise : Mlle Albertine est là ? – Personne n'est venu.



Mon Dieu, cela voulait-il dire que personne ne viendrait ! J'étais tourmenté, la visite d'Albertine me semblant maintenant d'autant plus désirable qu'elle était moins certaine.

Fran oise était ennuyée aussi, mais pour une tout autre raison. Elle venait d'installer sa fille à table pour un succulent repas. Mais en m'entendant venir, voyant le temps lui manquer pour enlever les plats et disposer des aiguilles et du fil comme s'il s'agissait d'un ouvrage et non d'un souper : Elle vient de prendre une cuillère de soupe, me dit Fran oise, je l'ai forcée de sucer un peu de carcasse , pour diminuer ainsi jusqu'à rien le souper de sa fille, et comme si 'avait été coupable qu'il f t copieux. Même au déjeuner ou au d ner, si je commettais la faute d'entrer dans la cuisine, Fran oise faisait semblant qu'on e t fini et s'excusait même en disant : J'avais voulu manger un morceau ou une bouchée. Mais on était vite rassuré en voyant la multitude des plats qui couvraient la table et que Fran oise, surprise par mon entrée soudaine, comme un malfaiteur qu'elle n'était pas, n'avait pas eu le temps de faire dispara tre. Puis elle ajouta : Allons, va te coucher, tu as assez travaillé comme cela aujourd'hui (car elle voulait que sa fille e t l'air non seulement de ne nous co ter rien, de vivre de privations, mais encore de se tuer au travail pour nous). Tu ne fais qu'encombrer la cuisine et surtout gêner Monsieur qui attend de la visite. Allons, monte , reprit-elle, comme si elle était obligée d'user de son autorité pour envoyer coucher sa fille qui, du moment que le souper était raté, n'était plus là que pour la frime et, si j'étais resté cinq minutes encore, e t d'elle-même décampé. Et se tournant vers moi, avec ce beau fran ais populaire et pourtant un peu individuel qui était le sien : Monsieur ne voit pas que l'envie de dormir lui coupe la figure. J'étais resté ravi de ne pas avoir à causer avec la fille de Fran oise.

J'ai dit qu'elle était d'un petit pays qui était tout voisin de celui de sa mère, et pourtant différent par la nature du terrain, les cultures, le patois, par certaines particularités des habitants, surtout. Ainsi la bouchère et la nièce de Fran oise s'entendaient fort mal, mais avaient ce point commun, quand elles partaient faire une course, de s'attarder des heures chez la s ur ou chez la cousine , étant d'elles-mêmes incapables de terminer une conversation, conversation au cours de laquelle le motif qui les avait fait sortir s'évanouissait au point que si on leur disait à leur retour : Hé bien, M. le marquis de Norpois sera-t-il visible à six heures un quart , elles ne se frappaient même pas le front en disant : Ah ! j'ai oublié , mais : Ah ! je n'ai pas compris que monsieur avait demandé cela, je croyais qu'il fallait seulement lui donner le bonjour. Si elles perdaient la boule de cette fa on pour une chose dite une heure auparavant, en revanche il était impossible de leur ter de la tête ce qu'elles avaient une fois entendu dire par la s ur ou par la cousine. Ainsi, si la bouchère avait entendu dire que les Anglais nous avaient fait la guerre en 70 en même temps que les Prussiens, et que j'eusse eu beau expliquer que ce fait était faux, toutes les trois semaines la bouchère me répétait au cours d'une conversation : C'est cause à cette guerre que les Anglais nous ont faite en 70 en même temps que les Prussiens. – Mais je vous ai dit cent fois que vous vous trompez. Elle répondait, ce qui impliquait que rien n'était ébranlé dans sa conviction : En tout cas, ce n'est pas une raison pour leur en vouloir. Depuis 70, il a coulé de l'eau sous les ponts, etc. Une autre fois, pr nant une guerre avec l'Angleterre, que je désapprouvais, elle disait : Bien s r, vaut toujours mieux pas de guerre ; mais puisqu'il le faut, vaut mieux y aller tout de suite. Comme l'a expliqué tant t la s ur, depuis cette guerre que les Anglais nous ont faite en 70, les traités de commerce nous ruinent. Après qu'on les aura battus, on ne laissera plus entrer en France un seul Anglais sans payer trois cents francs d'entrée, comme nous maintenant pour aller en Angleterre.

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